Extrait de l'Introduction au sens ultime des représentations (rnam rtog don dam gyi ngo sprod)
Voici les instructions de l'Ami (sct. kalyāṇamitra) Tcharioua (lCags ri ba).[1]
Si au moment où un grand contemplatif est en contemplation, la représentation se produit,
1. la maîtriser dès qu'elle se présente 2. la retracer[2] 3. non-existente elle est pourtant manifeste.
Dès que la représentation se produit, il la neutralise en la déterminant comme non engendrée. C’est appelé la maîtriser dès qu'elle se présente (1).
S'il n’y réussit pas dès qu'elle se produit, il la retrace. D'où vient la représentation ? Elle vient de la pensée. Elles disparaît en pensée. Elle est indifférenciée de la pensée. C’est appelé la retracer (2).
Elle est non-existante et néanmoins manifeste (3). Elle est ce qui est prépondérant (tib. lci ba) dans toute perception, ce qui est malaisé comme expérience, et à la fois non-existent et manifeste.
Quand on renonce à la vie au foyer, la nécessité de connaître les quatre [voeux] racine est prépondérante. Ceux-ci sont à la fois non-existants et manifestes. Ils sont des représentations. La représentation est la pensée. Et la pensée est inengendrée (sct. unatpāda).
Par exemple, dans le cas d'un feu de forêt, un petit feu peut être soufflé et s'éteindre par un coup de vent. Mais si une grande forêt s'embrase, le vent l'attiserait. Si de nombreuses bûches de bois se mobilisaient pour faire la guerre au feu, le feu dirait : « Je vous en prie, venez encore plus nombreux ! Plus vous serez nombreux, et plus je serai heureux ! » De même, avoir beaucoup de représentations stimule la sagesse. Tout, y compris la terre et les pierres peuvent la stimuler.
De la même façon, quel que soit le nombre de représentations, la sagesse en fera son affaire. C'est encore comme de la neige tombant sur un lac, dès qu'elle tombe dans le lac, elle devient de la même essence (sct. rasa) que le lac.
De même, toutes les représentations, dès leur émergence, partagent la même essence que le Naturel (sct. sahaja). C'est comme lorsqu'on revoit une vieille connaissance. Quand on rencontre [par hasard] une vieille connaissance, on n'a pas besoin d'investiguer si c'est elle ou pas. De la même façon, on n'a pas besoin d'investiguer les représentations, pour les reconnaître comme l'inengendré.
Voilà les explications de mon Ami Tcharioua.
***
[1] Ces instructions de lCags ri ba se trouvent également dans La transmission de la double armure du Sceau universel (phyag chen go cha gnyis kyi man ngag) p.458 W23439-1749-eBook. pdf (448 - 460). Là, Gampopa les qualifie d'instructions de valorisation (tib. lam khyer).
[2] sNyog pa = 'ded pa, poursuivre, phyi snyog pa, poursuivre en arrière = retracer
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