ནན་ཏན་དུ་བྱ་བའི་ཆོས་བཅུ་ནི།
VIII. Les dix choses auxquelles s'appliquer
ལས་དང་པོ་པས་ཐོས་བསམ་ལ་ནན་ཏན་བྱ།
1. Les débutants s'appliqueront à l'étude.
ཉམས་མྱོང་སྐྱེས་ནས་སྒོམ་སྒྲུབ་ལ་ནན་ཏན་བྱ།
2. Dès les premières expériences, s'appliquer à la méditation.
བརྟན་པ་མ་ཐོབ་བར་དུ་དབེན་པ་ལ་ནན་ཏན་བྱ།
3. Pratiquer la [triple] réclusion[1] avec application, tant que l'on n'aura pas acquis de stabilité.
འཕྲོ་རྒོད་ཤས་ཆེ་ན་རིག་པ་གཅུན་པ་ལ་ནན་ཏན་བྱ།
4. Quand on est plutôt agité, s'appliquer à réprimer l'agitation.
བྱིང་རྨུགས་ཤས་ཆེ་ན་རིག་པ་གཡེར་བ་ལ་ནན་ཏན་བྱ།
5. Quand on est plutôt engourdi, s'appliquer à raviver le Discernement (tib. rig pa)
བློ་མ་བརྟན་བར་དུ་མཉམ་བཞག་ལ་ནན་ཏན་བྱ།
6. S’appliquer à l’équilibre méditatif (sct. samāhita) jusqu'à ce que la volonté (sct. buddhi) soit stabilisée.
མཉམ་བཞག་ལ་བརྟེན་ནས་རྗེས་ཐོབ་ལ་ནན་ཏན་བྱ།
7. En prolongement de l'équilibre méditatif, s’appliquer aux activités post-recueillement.
མི་མཐུན་པའི་འགལ་རྐྱེན་མང་ན་བཟོད་པ་གསུམ་ལ་ནན་ཏན་བྱ།
8. Face à de nombreuses adversités, recourir à la patience.
འདོད་འདུན་ཆགས་ཞེན་ཆེ་ན་ཞེན་པ་བཙན་ཐབས་སུ་ལོག་པ་ལ་ནན་ཏན་བྱ།
9. En cas de fortes envies et d'attachements fixes, s’appliquer à s'en détourner avec force.
བྱམས་དང་སྙིང་རྗེ་ཤས་ཆུང་ན་བྱང་ཆུབ་ཀྱི་སེམས་སྦྱོང་བ་ལ་ནན་ཏན་བྱ།
10. Si l'amour et la compassion font défaut, s’appliquer à la pensée éveillée.
དེ་ནི་ནན་ཏན་བྱ་བའི་ཆོས་བཅུའོ།
Voilà les dix choses auxquelles s’appliquer.
***
[1] La Triple Réclusion
“Le sutta recommande d’éviter certaines choses lorsqu’on pratique la méditation, à commencer par le contact avec les plaisirs sensuels, kāma et avec les dhammas négatifs. C’est précisément la pratique de la triple réclusion qui va permettre d’y arriver: kāya viveka, la réclusion du corps, citta viveka, la réclusion de l’esprit et vikkhambhana viveka, celle qui résulte des deux premières, un état caractérisé par le fait que les empêchements et les impuretés sont faibles et maintenus à distance.
Kāya viveka ne concerne pas le corps physique lui-même mais plutôt le « corps » des objets susceptibles de faire surgir le plaisir sensuel. C’est l’isolement par rapport à l’ensemble des objets sensoriels: sons, formes visuelles, odeurs, goûts et impressions tactiles.
La réclusion par rapport aux dhammas négatifs appartient à citta viveka : l’esprit se met à l’abri des empêchements qui obstruent le développement de la concentration et de la sagesse. Concrètement, il s’agit donc tout simplement d’être attentif de façon ininterrompue. On dit du méditant qui a réussi à maintenir la continuité de l’attention, qu’il a activé citta viveka.
Les deux premiers types de viveka ne sont réalisables que par l’effort. Pour kāya viveka, il faudra renoncer aux environnements qui favorisent les plaisirs sensuels et pratiquer dans un endroit propice à la paix mentale. Mais il va de soi que ce premier isolement ne suffit pas. Il faudra poursuivre avec citta viveka et être attentif à tous les contacts susceptibles de se manifester aux six portes sensorielles.
Etre attentif, c’est diriger délibérément l’esprit vers l’objet ; cet effort est capital car il permet de cadrer, d’appliquer la pensée à l’objet de façon très précise, ce qui constitue justement le premier facteur jhānique, vitakka.
Il faudra donc viser correctement. Vous essayez tant bien que mal, d’observer le soulèvement et l’abaissement de l’abdomen ; vous progressez, l’esprit atteint l’objet et arrive petit à petit à voir clairement des sensations de dureté, de tension, de mouvement. Il commence à adhérer à ces mouvements et à s’y frotter. C’est vicāra, comme nous l’avons expliqué. Après un certain temps, il va s’y fixer et s’y absorber. S’il est maintenu sur les mouvements de soulèvement et d'abaissement de l'abdomen, les pensées vont se raréfier ; il se peut même que par moment, il n’y en ait plus aucune. De toute évidence, l’esprit est alors libre des objets sensuels désirables, de même que des kilesas qu’ils introduisent. On peut dire que kāya viveka et citta viveka ont été réalisés. Si la pratique se poursuit de façon continue, que l’effort est maintenu sans interruption, les kilesas vont s’estomper à l’horizon. Vous détenez alors la troisième et dernière forme de réclusion, vikkhambhana viveka.”
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